SENTIER DE LUNE

 (“Ilargi xendera” en langue basque)


  

OPERA EN TROIS ACTES 

Musique: P.Çabalette - Texte (versions française et basque): J.Casenave

Placée à la frontière du merveilleux et du fantastique, SENTIER DE LUNE fait référence à une conception du monde très ancienne, mais cette oeuvre n’est en rien une oeuvre passéiste. Des éléments significatifs issus de la culture basque, mais aussi  d’une mémoire collective beaucoup plus large, ont servi de ferments à l’élaboration d’un opéra qui se situe résolument dans la création contemporaine. La Lune (“Ilargi” en langue basque - littéralement“lumière des morts”) astre fécond dans de nombreuses mythologies est présente tout au long du spectacle.

 

NOMENCLATURE DES INTERVENANTS (première version) : 

- Orchestre de chambre : 28 musiciens 

-Ténor solo ( Gilen ) 

- Un acteur  (Luka) 

- Mezzo soprano solo (“les voix de la lune”) 

-Trois danseurs 

 ARGUMENT :

 Acte 1:                                                                                                                           

LE MONDE FAUVE : 


              Un jeune homme, orphelin recueilli par une famille d’adoption, s’est depuis son enfance lié d’amitié avec un bohémien, vannier de son état. A la fois rejeté et respecté, cet homme d’exception s’efforce de transmettre à son jeune compagnon une grande partie de sa connaissance de la nature et de son expérience humaine. Conformément au droit local, le jeune homme n’a pas la possibilité de s’établir sur une terre. Il doit donc, à son corps défendant, quitter le pays pour devenir marin.

               La veille de son départ, à la tombée du jour, il rend une dernière visite à son ami vannier, absent à ce moment-là. Pendant qu’il attend, le jeune homme s’endort et la nature s’anime autour de lui. D’énigmatiques créatures aux couleurs fauves évoluent autour du dormeur. dans le même temps, une voix étrange se fait entendre. L’arrivée du bohémien provoque l’effacement de ce monde secret, imperceptible aux yeux de l’observateur ordinaire de la nature. Le nouveau venu réveille le dormeur qui lui fait part de sa tentation d’enfreindre la règle et de  demeurer au pays, même au prix d’une vie de paria. Le vannier le convainc d’accepter sa condition de marin. Il lui révèle aussi la possibilité d’établir des rapports inhabituels et quasi magiques avec les multiples entités constituantes de la nature, autant de connaissances dont le déracinement est la contrepartie inévitable. 

Acte 2: 

LE MONDE BLEU : 


Les mois les années ont passé ; le jeune homme se trouve désormais sur un bateau, en pleine mer. Il crie sa révolte et sa souffrance, déplore les rigueurs climatiques, dénonce les brimades et les privation qui sont le lot quotidien du marin. La voix du bohémien s’élève et répond aux interrogations désespérées du jeune homme. Ce dernier ne semble pas l’entendre, pourtant, il se calme peu à peu, comme intérieurement apaisé par cette voix qui s’adresse directement à sa conscience. Ensuite, il expérimente successivement la nostalgie du pays natal, l’angoisse du vide et la peur de la mort face aux éléments déchaînés. Cependant, à l’occasion de chaque crise, le vannier continue à forger la personnalité de son ami, par l’intermédiaire de ses paroles de sagesse transmises comme de conscience à conscience au terme d’un étrange échange.

        Affermi par ces épreuves, ivre de puissance, le marin se fait chasseur de baleine. Ce changement d’état provoque l’indignation du bohémien ; il craint que, ne se détournant de sa quête, son jeune compagnon, ne succombe aux mirages du sang et de l’argent. Cette opposition culmine lors de la traque de l’animal. Au plus fort du combat, le bohémien stigmatise la conduite de son ami avec des mots très durs ; dans le même temps, s’élève une plainte qui tient à la fois du chant de baleine et de la voix humaine. Fasciné, le jeune homme demeure interdit ; il reconnaît le chant qui l’avait subjugué la veille de son départ, devant l’atelier du vannier.

Acte 3 

LE MONDE BLANC : 


  Transformé par sa rencontre avec la baleine et l’écoute de cette étrange voix le jeune homme expérimente un état différent de la réalité ordinaire, contrairement à ses compagnons de chasse plongés dans le sommeil et l’ivresse. Le marin découvre la présence du bohémien à ses côtés. Il comprend aussitôt que son ami se trouve dans une dimension intermédiaire entre la vie et la mort ; la présence de la lune et de la forme voilée qui l’accompagne lui confirme ce changement. Puisant dans le savoir populaire, il prononce les paroles libératrices susceptibles de délivrer le vannier des derniers liens qui le rattachent à l’existence humaine. Il s’ engage aussi à accomplir les actes rituels qui suivent la mort et se propose de planter en son nom l’arbre qui lui survivra et perpétuera sa mémoire.